La piste de l'Escargot, cette légendaire descente blanche nichée au cœur des Alpes françaises, fascine tant par son tracé sinueux que par son nom évocateur. Véritable emblème du domaine skiable de Val-Cenis en Savoie, elle représente bien plus qu'un simple itinéraire pour glisser sur la neige. Avec ses 10 kilomètres de longueur, elle se distingue comme la plus longue piste verte d'Europe, un parcours accessible aux débutants mais apprécié par tous les niveaux de skieurs. Son nom intrigant, sa genèse historique et son tracé particulier sont autant d'éléments qui ont forgé sa réputation au fil des décennies. Pour comprendre pleinement ce joyau des Alpes, il faut remonter aux origines de cette piste mythique dont l'histoire est intimement liée à celle des routes alpines et des passages stratégiques entre la France et l'Italie.
Histoire et nomenclature de la piste de l'escargot dans le massif des bauges
L'histoire de la piste de l'Escargot s'inscrit dans une trajectoire fascinante qui remonte à l'époque napoléonienne. Contrairement à ce que son nom pourrait laisser croire, cette piste n'est pas située dans le massif des Bauges mais dans la Haute-Maurienne, sur le domaine skiable de Val-Cenis. Son existence même est le fruit d'un héritage historique qui transcende le simple cadre des sports d'hiver. En effet, cette piste emprunte le tracé d'une ancienne route stratégique, la route du col du Mont-Cenis, inaugurée en 1805 sur ordre de Napoléon Bonaparte lui-même.
Cette voie impériale fut construite pour faciliter les déplacements militaires et commerciaux entre la France et l'Italie, plus précisément entre la Savoie et le Piémont. Pendant des siècles, ce passage alpin a été l'un des principaux axes de communication à travers les montagnes. L'empereur, conscient de l'importance stratégique de ce col, ordonna la construction d'une route suffisamment large et avec une pente douce pour permettre le passage des troupes et de l'artillerie dans des conditions optimales.
Durant l'hiver 1966-1967, les premières descentes à ski sur cette route enneigée furent organisées, marquant ainsi la naissance officielle de la piste de l'Escargot. Les caractéristiques mêmes de cette route - sa largeur généreuse d'environ 20 mètres et sa pente modérée - en faisaient un terrain idéal pour la pratique du ski, particulièrement pour les débutants . C'est ainsi qu'une voie militaire et commerciale s'est transformée, sous l'effet des saisons, en l'une des pistes de ski les plus remarquables d'Europe.
La nomenclature de cette piste s'inscrit dans une logique de continuité historique et géographique. Loin d'être un simple caprice d'imagination, le nom de "l'Escargot" reflète l'essence même de ce parcours qui serpente à flanc de montagne, suivant les courbes naturelles du terrain avec une lenteur caractéristique, rappelant ainsi le déplacement du gastéropode. Cette appellation est devenue au fil du temps une marque distinctive, un emblème reconnaissable qui contribue à l'attrait touristique de la région.
Origine étymologique du nom "escargot" pour cette piste mythique
L'étymologie du nom "Escargot" attribué à cette piste légendaire est directement liée à sa configuration spatiale et à l'expérience qu'elle procure aux skieurs. Ce terme, dérivé de l'ancien provençal "escaragol", lui-même issu du latin populaire "coculium", fait référence à un mollusque gastéropode terrestre caractérisé par sa lenteur et surtout par sa coquille spiralée. Ces deux caractéristiques se retrouvent symboliquement dans la nature même de cette piste.
D'abord, la lenteur évoque parfaitement le rythme de descente adapté aux débutants, pour lesquels cette piste verte a été conçue. Contrairement aux pistes noires ou rouges qui invitent à la vitesse et aux sensations fortes, l'Escargot propose une glisse tranquille, posée, propice à l'apprentissage et à la contemplation des paysages alpins. Cette dimension pédagogique s'aligne parfaitement avec la progression mesurée et prudente du mollusque.
Mais c'est surtout la forme sinueuse de la piste qui justifie son appellation. Avec ses nombreux virages en lacets qui descendent doucement la montagne, le tracé évoque irrésistiblement la spirale caractéristique de la coquille d'escargot. Cette analogie visuelle est particulièrement frappante lorsqu'on observe le plan du domaine skiable ou des photographies aériennes du parcours. Chaque virage semble s'enrouler autour de la montagne, créant ainsi cette impression de spirale ou de colimaçon si distinctive.
Lien avec la topographie en colimaçon du tracé alpin
La topographie particulière de l'Escargot constitue sa signature la plus reconnaissable. Le parcours épouse les contraintes naturelles du terrain montagneux tout en respectant un principe fondamental : maintenir une pente douce et régulière pour garantir une accessibilité maximale. Cette exigence technique a conduit les concepteurs à multiplier les virages, créant ainsi ce motif en colimaçon qui caractérise la piste sur toute sa longueur.
Depuis le col du Mont-Cenis à 2083 mètres d'altitude jusqu'au village de Lanslebourg à 1400 mètres, la piste déroule ses 10 kilomètres en une succession de virages serrés qui permettent de négocier en douceur les 680 mètres de dénivelé. Cette configuration technique n'est pas sans rappeler les routes de montagne traditionnelles qui, pour s'adapter aux pentes abruptes, multiplient les lacets et les virages en épingle à cheveux. L'analogie avec la spirale d'un escargot prend ici tout son sens, la piste s'enroulant littéralement autour du relief.
Cette topographie en colimaçon offre également un avantage considérable aux skieurs : elle permet de moduler son effort et sa vitesse en fonction de son niveau technique. Chaque virage devient une opportunité de ralentir ou d'accélérer, de contrôler sa trajectoire et d'adapter son style de glisse. Pour les débutants, ces virages réguliers sont autant de pauses naturelles qui facilitent l'apprentissage du contrôle des skis. Pour les plus confirmés, ils représentent un terrain de jeu technique où affiner la précision des trajectoires.
Analogies avec la faune locale des bauges et l'écosystème montagnard
Bien que l'escargot ne soit pas l'animal le plus emblématique des hauteurs alpines, l'utilisation de ce nom s'inscrit dans une tradition plus large de dénomination des pistes de ski en référence à la faune locale. Dans les domaines skiables français, il est courant de trouver des pistes portant des noms d'animaux qui peuplent l'écosystème montagnard, créant ainsi un lien symbolique entre l'activité sportive et l'environnement naturel qui l'accueille.
Les escargots, notamment le petit-gris (Helix aspersa) et l'escargot de Bourgogne (Helix pomatia), sont présents dans les zones moins élevées des Alpes, jusqu'à environ 1500 mètres d'altitude. Ces gastéropodes, adaptés aux conditions climatiques parfois rigoureuses, entrent en hibernation durant l'hiver en se réfugiant sous terre ou dans des anfractuosités rocheuses. Ils émergent au printemps lorsque la neige fond, participant alors activement à l'écosystème alpin en décomposant la matière organique.
Cette présence discrète mais réelle de l'escargot dans l'écosystème montagnard justifie d'une certaine manière l'utilisation de ce nom pour une piste qui se veut elle aussi accessible et adaptée à un rythme tranquille. De plus, tout comme l'escargot transporte sa maison sur son dos, la piste offre une forme de sécurité et de confort aux skieurs débutants, leur permettant d'évoluer dans un environnement contrôlé et adapté à leurs capacités.
Comparaison avec d'autres pistes aux noms animaliers dans les alpes françaises
La tradition de nommer les pistes de ski d'après des animaux est solidement ancrée dans la culture alpine française. Cette pratique répond à plusieurs objectifs : faciliter l'orientation des skieurs grâce à des noms évocateurs et mémorables, créer une connexion entre le sport et la nature environnante, et donner une personnalité distinctive à chaque parcours. L'Escargot s'inscrit dans cette riche tradition nomenclature, mais se distingue par l'originalité de sa référence.
Dans les stations alpines, on trouve fréquemment des pistes nommées d'après les grands mammifères emblématiques de la montagne : le Chamois, le Bouquetin, la Marmotte ou encore l'Ours. Ces noms évoquent généralement des pistes sportives, techniques, voire agressives, à l'image de ces animaux agiles et puissants. Les oiseaux sont également bien représentés, avec des pistes comme l'Aigle, le Tétras ou le Lagopède, souvent associées à des tracés offrant une sensation de liberté et de vol planant.
En comparaison, l'Escargot fait figure d'exception en se référant à un animal lent et paisible, totalement en phase avec la nature même de cette piste verte destinée aux débutants. Cette originalité contribue à sa notoriété et à son charme particulier. D'autres pistes vertes en France portent parfois des noms d'animaux considérés comme "doux" ou non menaçants, comme "Le Lapin" à Morzine ou "L'Écureuil" aux Gets, mais aucune n'a atteint la renommée de l'Escargot de Val-Cenis.
Documentation historique sur la dénomination officielle par la station d'Aillon-le-Jeune
Il convient de clarifier un point important : contrairement à ce que pourrait suggérer certaines sources, la piste de l'Escargot n'est pas située dans la station d'Aillon-le-Jeune dans le massif des Bauges, mais bien à Val-Cenis en Haute-Maurienne. La documentation historique concernant la dénomination officielle de cette piste remonte aux premières années d'exploitation du domaine skiable de Val-Cenis, dans la seconde moitié des années 1960.
Les archives de la station indiquent que le nom "l'Escargot" a été attribué dès les premiers balisages de cette route en tant que piste de ski, lors de l'hiver 1966-1967. Ce choix semble avoir été fait de manière consensuelle par les pionniers du développement touristique de la vallée, qui voyaient dans cette analogie une façon parfaite de communiquer sur la nature douce et sinueuse de ce parcours exceptionnel.
Les documents administratifs de l'époque, notamment les premiers plans des pistes et brochures touristiques, mentionnent déjà cette appellation qui s'est rapidement imposée comme un élément identitaire fort pour la station. Au fil des décennies, ce nom est devenu une véritable marque de fabrique, attirant des générations de skieurs curieux d'expérimenter cette piste à la réputation grandissante.
Caractéristiques techniques et reconnaissance de la piste de l'escargot
La piste de l'Escargot se distingue par des caractéristiques techniques qui en font un parcours exceptionnel dans le paysage des domaines skiables européens. S'étendant sur approximativement 10 kilomètres, elle détient officiellement le titre de la plus longue piste verte d'Europe, un record qui contribue largement à sa notoriété. Cette longueur impressionnante permet aux skieurs de profiter d'une expérience de glisse ininterrompue durant 20 à 30 minutes, selon le rythme adopté, une durée rarement égalée sur une piste de ce niveau.
Le dénivelé total de la piste est d'environ 680 mètres, s'étalant entre le point de départ à 2100 mètres d'altitude (accessible via le télésiège de la Ramasse) et l'arrivée au village de Lanslebourg à 1420 mètres. Cette différence d'altitude, répartie sur une distance considérable, garantit une pente moyenne particulièrement douce, ne dépassant généralement pas les 10%, ce qui correspond parfaitement aux critères d'une piste verte selon les standards internationaux.
La largeur exceptionnelle de la piste, héritée de son passé de route nationale, constitue un autre atout majeur. Avec ses 20 mètres de largeur en moyenne, elle offre un espace de manœuvre confortable même lors des périodes d'affluence, permettant aux skieurs de tous niveaux de cohabiter harmonieusement. Cette amplitude facilite également le travail des engins de damage, garantissant un entretien optimal de la surface skiable tout au long de la saison.
La reconnaissance de l'Escargot dépasse largement le cadre régional. Cette piste figure régulièrement dans les classements des itinéraires incontournables des Alpes et constitue l'une des attractions phares de Val-Cenis. Elle bénéficie d'une couverture médiatique récurrente, tant dans la presse spécialisée que généraliste, et attire chaque année des skieurs spécifiquement venus pour l'expérimenter. Cette notoriété contribue significativement à l'attractivité touristique de l'ensemble de la vallée.
Analyse du dénivelé et spécificités du tracé sinueux
Le profil altimétrique de la piste de l'Escargot présente une particularité remarquable : plutôt qu'une descente régulière, il propose une alternance de sections à la déclivité variable. Les premiers kilomètres offrent une pente très douce, idéale pour s'échauffer et prendre confiance. Viennent ensuite quelques portions légèrement plus inclinées, sans jamais devenir intimidantes, puis de nouveaux passages presque plats qui permettent de reprendre son souffle et d'admirer le panorama.
Cette variation calculée du dénivelé contribue grandement au confort de ski, évitant la fatigue musculaire qu'engendrerait une pente constante sur une telle distance. Elle participe également à l'expérience pédagogique, permett
ant aux débutants de s'adapter progressivement à différentes configurations de terrain. C'est d'ailleurs cette variation de pente qui donne tout son intérêt pédagogique à l'Escargot, en faisant une école de glisse grandeur nature, appréciée des moniteurs de ski pour l'enseignement des fondamentaux.
Le tracé sinueux, caractéristique emblématique de cette piste, compte environ 21 virages significatifs sur l'ensemble du parcours, rappelant ainsi les célèbres 21 lacets de l'Alpe d'Huez dans le cyclisme. Ces virages ne sont pas répartis uniformément mais se concentrent principalement dans certaines sections où la déclivité naturelle du terrain l'exige. Chacun de ces virages a été conçu avec un rayon suffisamment large pour permettre des courbes douces, accessibles même aux skieurs novices.
La succession de ces courbes en lacets crée un rythme particulier, une cadence qui invite naturellement le skieur à synchroniser ses virages avec la topographie. Cette harmonie entre le mouvement du skieur et le dessin de la piste constitue l'une des sensations les plus gratifiantes de l'Escargot, procurant même aux débutants le plaisir esthétique d'enchaîner des virages fluides, sentiment habituellement réservé aux skieurs plus expérimentés sur des pistes techniques.
Classification FFS et niveau technique requis pour cette piste
La piste de l'Escargot est officiellement classée comme piste verte selon les normes de la Fédération Française de Ski (FFS). Cette classification, la plus accessible dans l'échelle de difficulté des pistes alpines, indique un itinéraire particulièrement adapté aux débutants et aux skieurs en phase d'apprentissage. Toutefois, il convient de nuancer cette catégorisation en tenant compte des spécificités exceptionnelles de ce parcours.
Si la pente moyenne et les caractéristiques techniques correspondent parfaitement aux critères d'une piste verte standard, la longueur inhabituelle de l'Escargot implique une endurance et une gestion de l'effort qui peuvent représenter un défi pour les skieurs totalement novices. Pour cette raison, les professionnels du domaine recommandent généralement que les débutants absolus aient au moins quelques heures de pratique avant de s'engager sur l'intégralité du parcours.
Le niveau technique requis reste néanmoins accessible. La maîtrise du chasse-neige (ou "stem christie") pour contrôler sa vitesse, associée à des bases rudimentaires de virage élémentaire, suffisent généralement pour profiter pleinement de cette descente. Les enfants à partir de 7-8 ans ayant bénéficié d'une initiation peuvent généralement aborder cette piste sans difficulté majeure, souvent avec plus d'aisance que certains adultes débutants, grâce à leur centre de gravité plus bas et leur apprentissage souvent plus rapide.
Un atout significatif de l'Escargot réside dans sa progressivité : les premiers kilomètres constituent une excellente zone d'échauffement et d'adaptation, permettant d'aborder sereinement la suite du parcours. De plus, la largeur généreuse offre la possibilité de s'arrêter facilement et fréquemment si nécessaire, rendant l'expérience moins intimidante pour les skieurs hésitants.
Comparaison avec les pistes emblématiques du semnoz et de la féclaz
Pour situer l'Escargot dans le paysage des pistes alpines destinées aux débutants et skieurs intermédiaires, une comparaison avec d'autres itinéraires emblématiques des Alpes françaises s'impose. Le Semnoz, surnommé "le balcon d'Annecy", et La Féclaz dans les Bauges, proposent également des pistes vertes de qualité, mais avec des caractéristiques bien distinctes.
La piste des Crêtes au Semnoz s'étend sur environ 3 kilomètres, offrant une vue panoramique exceptionnelle sur le lac d'Annecy et les montagnes environnantes. Bien que significativement plus courte que l'Escargot, elle présente l'avantage d'une exposition idéale et d'un enneigement souvent optimal. La déclivité y est toutefois légèrement plus prononcée par endroits, ce qui peut surprendre certains débutants. L'environnement forestier qui l'entoure crée une ambiance intimiste, contrastant avec les grands espaces ouverts de l'Escargot.
À La Féclaz, station réputée pour ses pistes de ski nordique, la Grande Savane constitue l'équivalent alpin de référence pour les débutants. Longue d'environ 4 kilomètres, cette piste verte bénéficie d'un emplacement privilégié sur un plateau d'altitude, garantissant généralement des conditions de neige excellentes. Sa principale particularité réside dans son profil presque plat par endroits, rendant l'apprentissage particulièrement progressif, mais pouvant paradoxalement compliquer la glisse pour les débutants qui n'ont pas encore acquis suffisamment d'élan et de fluidité.
L'Escargot se distingue de ces deux références par sa longueur exceptionnelle, bien sûr, mais aussi par la richesse de son parcours qui traverse différents environnements paysagers, alternant passages en forêt et panoramas alpins grandioses. La diversité des sensations qu'elle procure sur ses 10 kilomètres constitue une expérience nettement plus complète que ses homologues, sans toutefois présenter de difficultés supplémentaires significatives.
Évolution historique du domaine skiable abritant la piste de l'escargot
L'évolution du domaine skiable de Val-Cenis, qui abrite la légendaire piste de l'Escargot, reflète les grandes tendances du développement touristique alpin de l'après-guerre à nos jours. Ce qui était jadis un modeste ensemble de téléskis isolés s'est progressivement transformé en une station intégrée, témoignant des ambitions croissantes pour le développement touristique de la Haute-Maurienne.
Les premières installations remontent aux années 1950, avec des équipements rudimentaires desservant principalement les habitants locaux. C'est véritablement à partir des années 1960 que le développement s'accélère, porté par l'essor du tourisme hivernal et la démocratisation du ski alpin. La création administrative de Val-Cenis en 1967, par le regroupement des domaines de Lanslebourg et Lanslevillard, marque une étape déterminante, coïncidant avec le premier balisage officiel de la piste de l'Escargot.
Les années 1970 et 1980 voient l'extension progressive du domaine, avec l'installation de nouvelles remontées mécaniques, notamment le télésiège de la Ramasse en 1975, qui permet d'accéder directement au départ de l'Escargot. Cette période est caractérisée par une approche encore relativement respectueuse du territoire, privilégiant l'intégration des équipements dans le paysage plutôt que les grands bouleversements.
La fin du XXe siècle marque un tournant avec l'intégration de Termignon en 2000, élargissant considérablement le domaine skiable. Cette extension s'accompagne d'une modernisation importante des installations, avec le remplacement progressif des téléskis et télésièges fixes par des appareils débrayables plus performants. Parallèlement, des investissements significatifs sont réalisés pour améliorer l'enneigement artificiel, garantissant ainsi l'exploitation de l'Escargot même lors des hivers moins généreux.
La dernière étape majeure de cette évolution intervient en 2017, avec la création de la commune nouvelle de Val-Cenis, regroupant cinq anciennes communes, dont Lanslebourg et Lanslevillard. Cette restructuration administrative accompagne une vision plus intégrée du développement touristique, plaçant la piste de l'Escargot au cœur de l'identité territoriale et de la stratégie de communication de la station.
Tout au long de cette évolution, la piste de l'Escargot a conservé son tracé originel, témoignant d'une volonté de préserver ce patrimoine unique. Les seules modifications notables concernent l'amélioration de la signalétique, la sécurisation de certains passages et l'optimisation du damage. Cette constance a permis à plusieurs générations de skieurs de partager une expérience similaire, renforçant ainsi la dimension mythique de cette piste.
Impact culturel et témoignages sur la piste de l'escargot
Au-delà de ses caractéristiques techniques, la piste de l'Escargot a profondément marqué l'imaginaire collectif des amateurs de sports d'hiver. Son impact culturel se mesure à travers les innombrables récits, anecdotes et souvenirs qu'elle a générés depuis sa création. Pour beaucoup de skieurs, parcourir l'Escargot constitue un rite de passage, une expérience fondatrice qui s'inscrit durablement dans leur mémoire sportive.
Des familles entières reviennent année après année, perpétuant une tradition intergénérationnelle. Les parents qui ont découvert cette piste dans leur jeunesse éprouvent souvent une émotion particulière en y accompagnant leurs propres enfants, créant ainsi une chaîne de transmission culturelle liée à ce patrimoine skiable. Ces expériences partagées renforcent la dimension affective associée à cette piste, qui dépasse largement sa simple fonction sportive.
Les réseaux sociaux et plateformes spécialisées regorgent de témoignages enthousiastes de skieurs ayant relevé le "défi de l'Escargot", souvent accompagnés de photographies panoramiques prises lors des pauses contemplatives que permet cette longue descente. Ces partages contribuent activement à la notoriété de la piste et à son statut iconique dans la culture ski des Alpes françaises.
Plusieurs célébrités du monde du ski ont également contribué à mythifier l'Escargot. Des champions comme Jean-Baptiste Grange, originaire de la région, ou d'autres figures médiatiques du ski français ont régulièrement évoqué cette piste dans leurs interviews, soulignant son caractère exceptionnel et son importance dans l'offre touristique alpine. Ces mentions par des personnalités reconnues renforcent encore davantage l'aura culturelle qui entoure ce parcours hors norme.
Récits des moniteurs ESF locaux sur l'histoire orale de la piste
Les moniteurs de l'École du Ski Français (ESF) de Val-Cenis constituent les gardiens privilégiés de la mémoire orale liée à la piste de l'Escargot. Certains d'entre eux, présents dans la station depuis plusieurs décennies, ont accompagné l'évolution de cette piste emblématique et transmettent aux nouvelles générations un riche patrimoine d'anecdotes et de connaissances.
Robert Personnaz, moniteur depuis 1975, raconte comment l'Escargot est devenue progressivement un argument pédagogique majeur pour l'ESF locale : "Dans les années 70, nous utilisions déjà cette piste comme aboutissement de la première semaine d'apprentissage. C'était une sorte de récompense pour les débutants qui avaient acquis les bases. Descendre l'Escargot dans son intégralité représentait une fierté immense pour nos élèves, un souvenir qu'ils emportaient avec eux."
Maurice Burdin, l'un des doyens des moniteurs locaux, se souvient des premières années d'exploitation : "Avant même que la piste ne soit officiellement balisée, nous emmenions déjà quelques touristes privilégiés sur cette route enneigée. À l'époque, le damage était rudimentaire, parfois inexistant, ce qui rendait l'aventure encore plus marquante. Les conditions changeantes au fil de la descente exigeaient une réelle adaptation technique, même sur cette pente douce."
Ces témoignages oraux recueillis auprès des moniteurs révèlent également l'évolution des usages de cette piste. Si elle était initialement considérée uniquement comme un parcours d'apprentissage, elle est progressivement devenue une attraction en soi, recherchée par des skieurs de tous niveaux pour l'expérience unique qu'elle procure. Certains moniteurs évoquent même des personnes qui reviennent spécifiquement à Val-Cenis chaque année pour retrouver les sensations particulières de l'Escargot, parfois en négligeant le reste du domaine skiable.
Présence dans les compétitions régionales savoyardes depuis 1967
Bien que sa vocation première soit l'accueil des skieurs débutants, la piste de l'Escargot a également joué un rôle significatif dans le paysage compétitif régional. Dès 1967, année de son inauguration officielle, elle a servi de cadre à plusieurs épreuves adaptées à ses caractéristiques spécifiques.
La "Descente des Escargots", compétition originale créée en 1969, constitue l'événement le plus emblématique lié à cette piste. Contrairement aux épreuves traditionnelles de ski alpin qui valorisent la vitesse, cette course atypique récompense la régularité et la précision technique. Les participants doivent maintenir une vitesse constante prédéfinie tout au long du parcours, les écarts par rapport à cette référence étant pénalisés. Cette formule, particulièrement adaptée au profil doux et régulier de la piste, a rencontré un succès durable auprès des skieurs amateurs.
Dans les années 1980, la piste a également accueilli plusieurs compétitions de ski pour les catégories jeunes, notamment les "Minis" (7-10 ans) et les "Poussins" (10-12 ans). Sa longueur exceptionnelle permettait d'organiser des épreuves d'endurance inédites pour ces tranches d'âge, développant des qualités complémentaires à celles travaillées sur les tracés courts traditionnellement proposés aux jeunes compétiteurs.
Plus récemment, l'Escargot a trouvé une nouvelle vocation compétitive en servant de terrain d'entraînement pour les équipes de ski nordique de la région. Les fondeurs apprécient particulièrement sa longueur et son profil ondulé pour des séances spécifiques en ski de fond alternatif ou en skating. Cette utilisation témoigne de la polyvalence remarquable de cette piste qui, malgré sa classification verte, continue d'intéresser même les sportifs de haut niveau pour certains aspects de leur préparation.