La piste verte représente le premier terrain de jeu pour tout aspirant skieur. Incontournable pour les novices, elle constitue la porte d'entrée vers l'univers fascinant de la glisse. Ces pistes spécialement conçues offrent un cadre sécurisant et adapté aux débutants, permettant d'acquérir les bases techniques essentielles avant de s'aventurer sur des tracés plus exigeants. L'apprentissage du ski sur piste verte combine à la fois dimensions physiques, techniques et psychologiques - un véritable parcours initiatique où chaque virage réussi représente une victoire personnelle et une étape vers l'autonomie sur les pentes enneigées.
Caractéristiques techniques des pistes vertes pour débutants
Les pistes vertes constituent le premier niveau dans la hiérarchie des pistes de ski et sont spécifiquement conçues pour accueillir les skieurs débutants. Leur configuration répond à des normes précises qui garantissent un environnement d'apprentissage optimal. La largeur généreuse de ces pistes permet aux novices d'effectuer de grands virages sans contrainte spatiale, tandis que leur faible déclivité limite naturellement la vitesse, offrant ainsi un sentiment de sécurité essentiel pour développer la confiance.
Décryptage de la classification des pistes selon la norme internationale FIS
La Fédération Internationale de Ski (FIS) a établi un système de classification universellement reconnu pour catégoriser les pistes selon leur niveau de difficulté. Les pistes vertes, symbolisées par un cercle vert sur les plans des domaines skiables, représentent le premier échelon de cette échelle. Cette standardisation permet aux skieurs du monde entier d'identifier instantanément les zones adaptées à leur niveau, quelle que soit la station visitée.
Pour qu'une piste soit classifiée verte selon les normes FIS, elle doit répondre à plusieurs critères stricts: une pente moyenne inférieure à 15%, une largeur minimale de 20 mètres, l'absence d'obstacles naturels dangereux et un damage quotidien impeccable. Ces spécifications techniques ne sont pas arbitraires mais résultent d'études approfondies sur la biomécanique du ski débutant et les conditions optimales d'apprentissage.
La FIS révise périodiquement ces critères pour s'adapter aux évolutions du matériel et des méthodes pédagogiques. L'objectif reste constant: offrir un environnement à la fois sécurisé et propice à l'apprentissage progressif des fondamentaux de la glisse.
Critères de pente optimale : la règle des 15% maximum pour l'apprentissage
La pente constitue le critère technique le plus déterminant pour la classification d'une piste verte. La règle des 15% maximum n'est pas le fruit du hasard mais le résultat d'analyses approfondies sur la mécanique du mouvement des skieurs débutants. Cette inclinaison représente le seuil au-delà duquel un novice perd généralement sa capacité à contrôler sa vitesse et sa trajectoire avec les techniques élémentaires.
Au sein de cette limite des 15%, on observe souvent une progression stratégique: les zones d'initiation en bas des pistes affichent généralement des pentes de 5 à 8%, permettant les tous premiers pas sans générer d'appréhension. Le milieu de piste propose habituellement une déclivité de 8 à 12%, idéale pour perfectionner le contrôle de la vitesse et des trajectoires. Enfin, certaines sections peuvent atteindre 12-15%, offrant une transition douce vers les futures pistes bleues.
Une pente bien conçue est celle qui permet au skieur débutant de ressentir l'accélération sans jamais éprouver la peur de la vitesse incontrôlée. C'est dans cet équilibre subtil que réside tout l'art de la conception des pistes vertes.
Cette graduation minutieuse de la pente sur une même piste verte constitue un élément pédagogique précieux, permettant une progression naturelle sans rupture brutale dans le niveau de difficulté rencontré.
Aménagements spécifiques des pistes vertes dans les stations françaises
Les stations françaises ont développé une expertise particulière dans l'aménagement des pistes vertes, allant souvent au-delà des standards internationaux. Ces espaces ne sont plus considérés comme de simples pistes faciles mais comme de véritables zones pédagogiques interactives. De nombreuses stations ont investi dans des aménagements ludiques intégrés aux pistes vertes: petites bosses contrôlées, mini-virages relevés, zones de slalom adaptées ou parcours thématiques avec des personnages animés.
Parmi les innovations notables, on trouve les tapis roulants couverts qui remplacent progressivement les téléskis sur les zones d'initiation, offrant un confort d'apprentissage inédit en supprimant l'obstacle de la remontée mécanique. Les zones de repos sécurisées constituent également un aménagement précieux, permettant aux débutants de récupérer sans craindre d'être percutés.
Certaines stations comme Les Gets ou Méribel ont développé des "bulles débutants", véritables écosystèmes d'apprentissage isolés du reste du domaine skiable, où tout est pensé pour faciliter la progression: signalétique adaptée, moniteurs dédiés, remontées spécifiques et zones de convivialité pour dédramatiser les premières chutes.
Différences entre les pistes vertes des alpes et des pyrénées
Les caractéristiques géologiques et climatiques distinctes entre les massifs alpins et pyrénéens influencent considérablement la configuration des pistes vertes. Dans les Alpes, particulièrement dans les stations de haute altitude, les pistes vertes bénéficient généralement d'un enneigement plus abondant et durable. Cette particularité permet un damage plus profond et régulier, offrant des surfaces d'apprentissage plus homogènes. La largeur moyenne des pistes vertes alpines est également supérieure, avec souvent plus de 30 mètres disponibles.
Les Pyrénées, avec leur relief plus compact et accidenté, proposent des pistes vertes généralement plus courtes mais souvent plus techniques. Le climat, influencé par la proximité de l'océan Atlantique, induit des conditions de neige variables qui peuvent représenter un défi supplémentaire pour les débutants. En contrepartie, les stations pyrénéennes ont développé des espaces débutants remarquablement bien intégrés au paysage naturel, offrant des panoramas spectaculaires même aux skieurs novices.
L'ensoleillement constitue une autre différence notable: les pistes vertes pyrénéennes bénéficient généralement d'une exposition plus favorable, ce qui améliore les conditions d'apprentissage en milieu de journée, quand la neige atteint sa consistance optimale. Dans les Alpes, certaines pistes vertes peuvent rester à l'ombre plusieurs heures, nécessitant un timing plus précis pour profiter des meilleures conditions d'apprentissage.
Méthodologie d'apprentissage sur piste verte
L'apprentissage du ski sur piste verte nécessite une approche méthodique et progressive. Contrairement aux idées reçues, maîtriser les bases du ski demande une compréhension fine des mouvements fondamentaux et une adaptation constante aux conditions changeantes de la neige. La piste verte offre le terrain idéal pour intégrer ces compétences essentielles sans la pression d'une pente excessive. Chaque étape d'apprentissage s'appuie sur la précédente, construisant ainsi un répertoire technique solide et durable.
Technique du chasse-neige : fondamentaux et progression
Le chasse-neige constitue la pierre angulaire de l'apprentissage du ski. Cette technique fondamentale permet au débutant de contrôler sa vitesse et sa direction en écartant les spatules des skis tout en rapprochant les talons. Sa maîtrise repose sur trois principes biomécaniques essentiels: l'équilibre centré, la dissociation des membres inférieurs et l'utilisation des carres intérieures.
La progression pédagogique du chasse-neige suit généralement quatre phases distinctes. Premièrement, le statique ou "position de sécurité", où le skieur apprend à former le V caractéristique à l'arrêt. Deuxièmement, le chasse-neige glissé en ligne directe, permettant d'expérimenter le freinage progressif. Troisièmement, le virage chasse-neige élémentaire, introduisant le concept de répartition de poids pour initier un changement de direction. Enfin, le virage chasse-neige perfectionné, intégrant une angulation plus prononcée et un meilleur contrôle du rythme.
L'efficacité du chasse-neige repose sur la qualité du centrage du skieur entre ses appuis. Un débutant bien accompagné comprendra rapidement que cette technique n'est pas une simple posture statique mais un enchaînement dynamique de mouvements coordonnés, où les genoux, les hanches et le buste participent harmonieusement à la gestion de la trajectoire.
Exercices préparatoires de l'ESF pour les premières glisses
L'École du Ski Français (ESF) a développé une série d'exercices préparatoires qui constituent la base de sa méthodologie pour les premières glisses. Ces exercices visent à développer les sensations fondamentales avant même d'aborder les techniques spécifiques. Parmi les plus efficaces figure le "pas du pingouin", où le débutant apprend à se déplacer en terrain plat en écartant alternativement les talons, développant ainsi la dissociation des jambes essentielle au futur chasse-neige.
L'exercice du "funambule" permet quant à lui de travailler l'équilibre latéral en glissant sur un ski puis l'autre. Le "huit sur place" développe la capacité à pivoter les skis sans avancer, compétence cruciale pour les futurs virages. Ces exercices préparatoires sont systématiquement pratiqués sur des plateaux parfaitement plats avant d'aborder la moindre pente.
Pour faciliter l'intégration de ces fondamentaux, les moniteurs ESF utilisent fréquemment des images mentales adaptées: "écraser une orange sous le pied extérieur" pour le transfert de poids, "tenir un plateau de serveur" pour maintenir le haut du corps stable, ou encore "suivre un papillon du regard" pour anticiper visuellement la trajectoire. Ces métaphores pédagogiques facilitent considérablement l'acquisition des bons réflexes posturaux.
Maîtrise des virages débutants : méthode ISIA en trois phases
La méthode développée par l'International Ski Instructors Association (ISIA) structure l'apprentissage du virage débutant en trois phases distinctes et progressives. Cette approche, adoptée par de nombreuses écoles de ski françaises, décompose ce mouvement complexe en séquences assimilables individuellement avant d'être combinées.
La phase d'initiation se concentre sur le déclenchement du virage par un léger déplacement du centre de gravité vers l'avant et l'intérieur du virage, accompagné d'un allègement de l'appui sur le ski extérieur. Cette étape cruciale détermine la qualité de l'ensemble du virage et fait l'objet d'exercices spécifiques comme le "virage sauté" où l'allègement est exagéré pour en faciliter la perception.
La phase de conduite constitue le cœur du virage, où le skieur maintient un équilibre dynamique tout en suivant la trajectoire circulaire. L'ISIA préconise l'image du "fil à plomb" partant du nez et passant entre les skis pour matérialiser cet équilibre central. Enfin, la phase de sortie de virage intègre la préparation du virage suivant, avec un redressement progressif et un rééquilibrage des appuis.
Cette méthode en trois temps présente l'avantage considérable de permettre une progression modulaire: le moniteur peut identifier précisément quelle phase pose problème à l'élève et proposer des correctifs ciblés sans remettre en question l'ensemble de la technique.
Gestion de la vitesse et du freinage pour novices
La maîtrise de la vitesse représente souvent la préoccupation principale du skieur débutant. Au-delà du chasse-neige classique, plusieurs techniques complémentaires peuvent être enseignées sur pistes vertes pour enrichir le répertoire de freinage du novice. Le "dérapage latéral" constitue une évolution naturelle, permettant un arrêt plus rapide en position perpendiculaire à la pente.
La gestion proactive de la vitesse par le choix de la trajectoire représente une compétence plus avancée mais fondamentale. Le moniteur enseigne au débutant à utiliser consciemment la largeur de la piste pour créer des traversées peu pentues alternées de virages courts, régulant ainsi naturellement sa vitesse sans recourir constamment au freinage actif.
L'apprentissage du timing optimal du freinage constitue également un élément crucial: plutôt que de maintenir un chasse-neige permanent qui épuise prématurément les cuisses, le débutant apprend à alterner phases de glisse pure et phases de freinage plus intense. Cette gestion rythmique de la vitesse permet des descentes plus longues avec moins de fatigue musculaire.
Le véritable art du freinage en ski ne consiste pas à savoir s'arrêter brutalement, mais à maintenir en permanence une vitesse confortable qui n'exige jamais d'arrêt d'urgence.
Transition vers les pistes bleues : indicateurs de progression
La transition vers les pistes bleues constitue une étape charnière dans le parcours du skieur débutant. Plusieurs indicateurs techniques permettent d'évaluer si cette progression est opportune. La capacité à enchaîner au moins cinq virages consécutifs sans interruption ni déséquilibre majeur représente un prérequis fondamental. La maîtrise du "virage élémentaire skis parallèles" sur les sections les moins pentues de la piste verte constitue également un signal positif.
Au-delà des aspects purement techniques, des facteurs psychologiques doivent être considérés: le skieur doit manifester une confiance suffisante pour accepter occasionnellement une légère accélération sans panique immédiate. Sa posture générale doit également avoir évolué d'une attitude défensive (penchée vers l'arrière, bras écartés) vers une position plus équ
ilibrée vers l'avant, centre de gravité au-dessus du milieu des pieds) vers une position plus équilibrée et active. Sa capacité à anticiper visuellement le terrain, regardant loin devant plutôt que fixant ses spatules, reflète également un niveau de confort compatible avec les pistes bleues.
Les instructeurs expérimentés évaluent également la qualité de l'adaptation du skieur aux variations de neige sur la piste verte. Un débutant prêt pour les pistes bleues doit pouvoir ajuster intuitivement sa technique face à des changements de texture (neige plus molle ou plus dure) sans perdre significativement en stabilité ou en contrôle. Cette adaptabilité constitue peut-être l'indicateur le plus fiable d'une préparation adéquate pour affronter le défi supplémentaire des pistes bleues.
Une transition progressive est généralement recommandée, en commençant par les pistes bleues les moins pentues et idéalement en fin de matinée, lorsque la confiance est maximale mais avant l'apparition de la fatigue. Cette approche graduelle évite les régressions techniques souvent observées lorsque le saut de difficulté est trop brutal.
Équipement adapté aux débutants sur piste verte
Le choix d'un équipement approprié joue un rôle déterminant dans la qualité de l'expérience d'apprentissage sur piste verte. Un matériel inadapté peut transformer une journée potentiellement agréable en véritable calvaire, tandis qu'un équipement correctement sélectionné facilite considérablement l'acquisition des techniques fondamentales. Les fabricants ont développé des gammes spécifiques conçues pour optimiser la progression des débutants, avec des caractéristiques techniques qui pardonnent les erreurs tout en favorisant les bons placements.
Skis d'apprentissage : modèles rossignol experience et dynastar legend
Les skis d'apprentissage modernes représentent une petite révolution technologique comparés aux anciens modèles débutants. Les gammes Rossignol Experience et Dynastar Legend se distinguent particulièrement par leur conception centrée sur la facilitation de la progression technique. Ces skis partagent plusieurs caractéristiques essentielles pour l'apprentissage: une largeur centrale plus généreuse (78-85mm) offrant davantage de stabilité, un rayon de courbe modéré (entre 14 et 16 mètres) facilitant l'initiation au virage, et surtout un rocker avant prononcé qui simplifie considérablement l'amorce des changements de direction.
Le Rossignol Experience 76 CI, particulièrement plébiscité par les écoles de ski, intègre la technologie "Cut Intuitive" qui permet au ski de tourner naturellement dès qu'une légère pression est appliquée. Cette caractéristique transforme positivement l'expérience d'apprentissage en permettant au débutant de ressentir immédiatement l'effet de ses actions sur la trajectoire, renforçant ainsi le lien sensori-moteur essentiel à la progression technique.
Le Dynastar Legend X76 propose quant à lui une construction sandwich plus traditionnelle mais intègre un noyau en bois de peuplier particulièrement souple, réduisant significativement l'effort nécessaire pour déformer le ski lors des virages. Sa spatule légèrement plus large facilite également le déjaugeage dans les neiges plus profondes que l'on peut parfois rencontrer en bord de piste verte après des chutes récentes.
Un bon ski d'apprentissage ne doit pas seulement être facile à manœuvrer, il doit également être révélateur des sensations fondamentales de la glisse sans amplifier les erreurs du débutant.
Fixations à réglages spécifiques pour débutants
Les fixations modernes pour débutants offrent un équilibre crucial entre sécurité et transmission des sensations. Les systèmes Look SPX 10 et Marker Squire, fréquemment montés sur les skis de location destinés aux débutants, présentent des caractéristiques spécialement adaptées à l'apprentissage. Leur plage de réglage DIN (indice de déclenchement) démarre plus bas (à partir de 2,5) que les modèles avancés, assurant un déclenchement préventif en cas de torsion ou chute à faible vitesse, particulièrement important pour préserver les articulations des genoux encore peu habituées aux contraintes spécifiques du ski.
La position de montage des fixations sur les skis débutants mérite également une attention particulière. Contrairement aux skis performants souvent montés "centrés" pour favoriser la vivacité, les fixations pour débutants sont généralement installées légèrement en retrait (de 1 à 2 cm) par rapport au point central du ski. Cette configuration facilite la rotation des spatules et réduit le risque de "plantage" avant, source fréquente de chutes spectaculaires et potentiellement traumatisantes.
L'espacement entre les deux fixations (avant et arrière) est également plus réduit sur les modèles débutants, diminuant ainsi le bras de levier et donc l'effort nécessaire pour faire pivoter le ski. Cette caractéristique technique, souvent invisible au néophyte, facilite considérablement l'apprentissage du virage dérapé, étape fondamentale de la progression sur piste verte.
Équipements de protection essentiels pour l'initiation
La protection du skieur débutant ne doit jamais être négligée, les chutes étant inévitables dans le processus d'apprentissage. Le casque constitue désormais un équipement indispensable, non seulement pour les enfants mais également pour les adultes en phase d'initiation. Les modèles adaptés aux débutants intègrent généralement un système de réglage occipital permettant un ajustement précis, crucial pour maintenir le casque en place lors des chutes à répétition.
Les protections dorsales, longtemps réservées aux skieurs de compétition, se démocratisent aujourd'hui parmi les débutants. Les modèles souples comme la Rossignol RPG Vest ou la Salomon Flexcell offrent un compromis idéal entre protection des vertèbres et liberté de mouvement. Certaines écoles de ski recommandent désormais systématiquement ce type d'équipement pour les premières sessions, particulièrement pour les apprentis skieurs adultes dont la masse corporelle augmente significativement l'impact potentiel des chutes.
Les protections de poignets, souvent négligées, méritent pourtant une attention particulière. La réaction naturelle lors d'une chute consiste à étendre les mains pour amortir l'impact, exposant ainsi les articulations du poignet à des torsions potentiellement traumatiques. Des modèles comme les Dakine Wrist Guard intègrent une barrette rigide qui prévient l'hyperextension tout en préservant une mobilité suffisante pour manipuler confortablement les bâtons.
Vêtements techniques adaptés aux mouvements d'apprentissage
L'habillement du skieur débutant doit répondre à des exigences parfois contradictoires: offrir une isolation thermique suffisante pour les périodes d'immobilité (explications du moniteur, attentes aux remontées) tout en permettant l'évacuation de la transpiration générée par l'effort intense propre à l'apprentissage. Le système des trois couches (base, isolation, protection) prend ici toute son importance, avec une attention particulière portée à la première couche en contact avec la peau.
Les sous-vêtements techniques en polyester ou en laine mérinos, comme ceux proposés par Odlo ou Icebreaker, évacuent efficacement l'humidité tout en conservant leurs propriétés isolantes même légèrement humides. Cette caractéristique est particulièrement précieuse pour le débutant qui alterne phases d'effort intense et périodes d'inactivité relative. La coupe de ces vêtements doit privilégier l'amplitude des mouvements, notamment au niveau des articulations sollicitées pendant l'apprentissage (hanches, genoux, épaules).
Les vestes spécifiquement conçues pour l'apprentissage du ski intègrent souvent des caractéristiques distinctives: une longueur dorsale plus généreuse pour protéger les reins lors des nombreuses chutes sur le dos, des renforts aux coudes fréquemment sollicités lors des relevages, et une capuche compatible avec le port du casque. Les modèles à isolation variable, comme la Columbia Whirlibird ou la North Face Thermoball Triclimate, permettent d'adapter précisément la protection thermique aux conditions météorologiques et à l'intensité de l'activité.
Pistes vertes emblématiques des stations françaises
La France, avec son patrimoine skiable exceptionnel, offre quelques-unes des plus remarquables pistes vertes au monde. Ces tracés légendaires ne sont pas simplement des voies d'apprentissage mais de véritables attractions touristiques, combinant accessibilité technique et expérience esthétique mémorable. Loin d'être cantonnées aux zones basses des domaines, certaines pistes vertes françaises offrent des panoramas grandioses habituellement réservés aux skieurs confirmés, démocratisant ainsi l'accès aux splendeurs de la haute montagne.
La piste verte "L'Escargot" à Val Cenis détient le record de la plus longue piste verte d'Europe avec ses 10 kilomètres de descente douce. Suivant l'ancienne route du col du Mont-Cenis, elle serpente avec délicatesse à travers forêts et alpages, offrant des vues imprenables sur les glaciers de la Vanoise. Sa pente constante, jamais supérieure à 10%, et sa largeur exceptionnelle de plus de 30 mètres en font un véritable paradis pour les débutants. Grâce à son orientation nord-ouest, cette piste bénéficie d'un enneigement remarquable même en fin de saison.
À Méribel, la piste verte des "Inuits" transforme l'apprentissage en aventure thématique. Ponctuée d'installations ludiques évoquant l'univers arctique, elle propose une progression pédagogique ingénieuse où chaque virage présente un nouveau défi adapté aux débutants. Son accès par la télécabine de l'Olympe permet aux novices de découvrir rapidement les sensations grisantes de l'altitude sans affronter de difficultés techniques excessives. Sa position stratégique offre également un ensoleillement optimal durant la majorité de la journée.
La station des Gets s'est distinguée avec sa piste verte "Mappys", spécialement conçue pour les familles. Ce parcours innovant intègre des zones d'apprentissage thématiques où les enfants découvrent simultanément les techniques de base du ski et les enjeux de la protection environnementale alpine. Des panneaux interactifs jalonnent le parcours, transformant chaque descente en expérience éducative. L'aménagement minutieux inclut des zones de repos panoramiques permettant aux parents de photographier les progrès de leurs enfants avec le Mont-Blanc en arrière-plan.
À l'Alpe d'Huez, la piste verte des "Lutins" offre une expérience rare: celle d'une descente facile mais sensationnelle depuis le sommet du Signal (2108m) jusqu'au village, permettant même aux débutants de ressentir le plaisir d'une "descente intégrale". Son tracé astucieux contourne naturellement les zones plus pentues, offrant une progression de difficulté parfaitement maîtrisée. Des aménagements spécifiques comme les "bords relevés" en entrée de virage guident intuitivement les skieurs dans la trajectoire optimale, transformant l'apprentissage en plaisir immédiat.
Considérations psychologiques de l'apprentissage du ski
L'acquisition des compétences techniques en ski est indissociable des aspects psychologiques qui l'accompagnent. L'apprentissage sur piste verte mobilise des mécanismes cognitifs et émotionnels complexes qui influencent considérablement la rapidité de progression et la qualité de l'expérience vécue. La compréhension de ces dimensions psychologiques permet d'optimiser l'approche pédagogique et d'éviter les blocages fréquemment observés chez les débutants.
La gestion de l'appréhension constitue probablement le défi psychologique majeur pour le skieur novice. Cette peur naturelle face à la glisse et à la pente, même minime sur piste verte, active des réactions corporelles défensives (crispation, recul du centre de gravité, rigidification) qui interfèrent directement avec les mécanismes techniques nécessaires à l'apprentissage. Les moniteurs expérimentés reconnaissent cette dimension et déploient diverses stratégies pour désamorcer cette appréhension: progression extrêmement graduelle, valorisation systématique des réussites, désacralisation de la chute présentée comme partie intégrante et normale du processus d'apprentissage.
La théorie des "étapes cognitives de l'apprentissage moteur" développée par le psychologue Paul Fitts s'applique particulièrement bien à l'initiation au ski. La première phase, dite "cognitive", où le débutant doit consciemment penser à chaque aspect du mouvement, génère une charge mentale considérable et une exécution fragmentée. La deuxième phase, "associative", voit ces mouvements se lier progressivement en séquences plus fluides. Enfin, la phase "autonome" permet l'exécution intuitive des gestes techniques, libérant l'attention pour la lecture du terrain ou l'appréciation du paysage. Cette compréhension des étapes mentales permet d'adapter les consignes et les exercices au stade psychologique précis où se trouve l'apprenant.
La notion de "flow" ou "état optimal d'expérience", conceptualisée par le psychologue Mihaly Csikszentmihalyi, représente un objectif psychologique essentiel dans l'apprentissage du ski. Cet état de concentration immersive où l'action semble se dérouler sans effort conscient survient lorsque le niveau de défi est parfaitement adapté aux compétences du pratiquant. Les pistes vertes bien conçues, avec leur progression subtile de difficulté, créent les conditions idéales pour expérimenter ces moments de flow, renforçant considérablement la motivation intrinsèque et l'engagement dans l'apprentissage.
Le véritable succès pédagogique en ski ne réside pas seulement dans la transmission de techniques, mais dans la création d'expériences où le débutant oublie qu'il est en train d'apprendre pour simplement vivre l'instant présent sur la neige.